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Corsica

1 Janvier 2014

La BartAs team au pays du cochonglier

Nous grattons, déchirons, re-grattons, re-déchirons... Il faut nous rendre à l'évidence, ce trip ne fut définitivement pas comme les autres et la brume fut probablement trop épaisse pour y voir clair... Impossible donc de vous livrer une version propre et lissée de l'aventure et finalement à quoi bon? Les faits vous les connaissez... BartAs n'est pas là pour faire comme les autres, n'en déplaise à certains.
 
A défaut de vous servir notre article habituel, voilà donc une quadruple ration de vécu et d'émotions brutes...

Aiguilles de Bavella, Octobre 2013

 

Musique à fond dans les écouteurs, j'avale la marche d'approche... L'aventure attendue est au rendez-vous. Partis quelques minutes plus tard et après plus d'une heure d'effort dans le maquis, Thibault et Jeff me rejoignent au pied de la voie. La face est somptueuse, après plusieurs mois à imaginer cet instant, nous y voilà...

 

Le scénario est posé, chacun sait ce qu'il doit faire, Jeff et Thibault sont calés dans les longueurs, mes cordes sont en place depuis la veille, j'ai déjà quelques idées pour les images... Il reste plus qu'à laisser place à l'instinct.

 

La première longueur en 8b est la plus dure, le sésame pour la suite de l'aventure. Le deal est donc simple, dès que l'un d'entre eux enchaîne cette longueur clé, on décolle tous les trois pour la suite. L'assureur suivra, au service du premier et moi je me charge des images...

 

Assis sur ma sellette, 30m au-dessus des potes, je suis à l'affût de l'action mais la voie semble ne pas vouloir se laisser faire. Je prend la mesure de la difficulté et de l’exigence de Delicatessen... Aurions nous eu les yeux plus gros que le ventre?...

 

Thibault est handicapé par une côte douloureuse, qu'il s'est probablement fêlée en chutant dans ce maudit BartAs Corse... (le maquis : enchevêtrement de végétation destiné à faire chuter les grimpeurs rentrant d'une harassante journée de grimpe et accordant naïvement leur confiance à une branche prête à casser pour les envoyer 2m plus bas, la côte la première sur une pierre de forme non arrondie.)

Il s'énerve et râle crescendo à chaque chute, se rendant compte que la tâche est hors d'atteinte dans cet état... complexe.

 

Puis, Jeff parvient à enchaîner la première partie de la première longueur (...de notre première grande voie extrême, plus que 140 mètres...). Perché quelques mètres au-dessus, je l'encourage et l'observe dans la dalle finale : il s'applique et ne montre aucun signe de pression, récitant sa partition sans commettre de faute... Le voilà au relais, je le félicite et hisse le sac de portage.

C'est parti, Delicatessen nous ouvre ses portes, il est 15h30... encore 4 longueurs, la journée s'annonce longue !

 

 

Première partie (Reggae & variété).

«Live if you wanna live ! Rastaman vibration yeah ! Positive ! That's what we gotta give ! I'n'I vibration yeah ! Positive ! » -Bob Marley (Positive Vibration)

 

Roulement de tambours et synthé aigu. La pompe mythique du reggae rythme nos pas à travers le maquis « You just can't live that negative way, if you know what I mean ? » -Ouais Bob, je vois ce que tu veux dire -Grave. La sueur coule le long de mon front, jusqu'à ma bouche. L'ambiance est tropicale. C'est déjà la deuxième fois que Thibault et moi remontons le raide goulet qui mêne au col sans nom à l'aplomb de la Punta di corbu. La face Est  : une muraille gothique ocre, une cathédrale de granit parfait. La seule voie du mur : Délicatessen, six longueurs dont quatre vraiment dures. A ce stade on ne connait que la première, a priori la plus difficile. Un 8b de 40m qui se décompose en deux parties bien distinctes. Une section physique et résistante jusqu'à une profonde conque, suivie d'une traversée ascendante avec deux furieux pas de dalle sur micro-prises. On déchiffre tranquillement, pleins d'espoir et d'excitation.

 

Le soir, lors de la descente, Thib' se met à chanter : « On est champions ! On est tous ensemble ! ... Allez les bleus! » -de Johnny. Sur le moment on se souvenait pas de toutes les paroles et ça n'a pas cessé de me tracasser. Il manque : « c'est le grand jeu, la France est debout ! » -et une autre phrase tout aussi absurde ; c'est dommage, j'aurais aimé m'en souvenir. Je crois que j'aurais vomi de rire dans les arbousiers si j'avais pu gueuler : « La France est débout ! » en courant à travers le Bartas Corse.

Un bruit sec. Je lève les yeux : Thib' se crashe sur le dos, tête la première dans la pente encombrée de blocs et d'arbustes moisis. Il a visé un peu loin quand il a voulu s'accrocher à un arbre. La branche s'est rompue ; « -Mec, je crois que je me suis cassé une côte... ».

 

 

Deuxième Partie (Punk rock).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Troisième Partie (Rap & Electro).

«Pain stains the carpet when you run into us. An effortless task, cold blood, iron masks. Nightmares have been implemented that you shouldn't try and grasp»

- [MadChild] Swolen Members.

 

Sixième jour. De récurrents cauchemars me font courber l'échine. Dans la grisaille intérieure la motivation se terre et frissonne. Je ne respire qu'au grès de sinistres basses d'une musique en noir et blanc. Je m'évade de ce monde et plonge dans le rythme lent, sombre et primal de MadChild qui accélère progressivement le battement du cœur et distille l'adrénaline froide dans le cortex «Feel the trance of this goddess ; vicious vibrations, akward balance. Scars on my back from her talent ». Assis au soleil, au pied du mur, face au vide en moi. Je me concentre sur un jour passé : Scratchs rapides et millimétrés. J'inspire lentement « This is the remix !» ; la fatigue me cajole de ses baisers jaloux. Un sample agressif de piano précède le beat lourd du Wu-Tang : « COUNT DOWN ! » Mon corps réagit instantanément.  « Are you ready ? Are you mad inside ?» Une saine rage est en moi. « Rage ! Fight ! Fall ! RUMBLE ! » . C'était le quatrième jour et la première longueur était tombée sous les assaults de ma joyeuse colère.

 

Septième jour, le dernier. Un vent violent s'offusque de la présence des brumes maritimes et les congédie sur le champ. Les nuages galopent après les grands pins tels de jeunes appaloosas excités par une promesse de neige. Dans l'ambiance fraiche et matinale, nous aquiessons calmement à la zik urbaine de High-Tone. « Avance et viens te battre ! C'est un beau jour pour mourir ! », un vieux chef Cheyenne* fait son discours de mort et nous préparons le sac de hissage. « Nous marcherons bientôt sur une route... » -On prend la gamelle de riz ? « ... qui ne conduit nulle part... » -Ouesh.

Thibault enchaîne la première longueur. Je le rejoins rapidement et il s'élance dans la suite. Emmitouflé dans une doudoune verte trop grande pour moi, je gère les cordes comme je peux alors qu'un vent violent projette un fin crachin dans mes yeux. Thib' grimpe en gore-tex, la capuche fermée en une cagoule rouge. Déterminé, il avance lentement, secoué par les bourrasques. « Turn the volume up a noch with punk beats ! » on se croirait en montagne l'hiver, spin-drifts et progression timide. A quatorze heures nous sommes dans les tafones, au pied de la quatrième longueur. Thib' monte faire un ultime repérage, avant de revenir au relais. Pour lui comme pour moi, cette section constitue le dernier bastion à libérer. -Il te reste une chance.

 

« They told me ; what happened. Alright, you're still young. And things like that always happen. When you'll learn, then you'll know not to make those mistakes. »

 

« -Really ?! » Tel InspectorDeck du Wu-Tang je m'apprète à lacher le flot. Non, en fait, je sais pas ce que je vais faire -je vais chercher une méthode -oui c'est vrai... Un orgue chante sur un beat percussif. Le vent hurle dans sa barbe. La brume se brise sur la paroi en une houle impalpable alors qu'un accord frappé marque le début du couplet. Les éléments prennent en charge mes actions tandis que mon esprit s'égare et doute «When the sun rises are you suprised that I'm a beast ?» comme une bête apeurée je tracte sur les croûtes et me hisse hors de la section verticale de la dalle. Je pousse d'étranges cris suraigus. Mon cerveau lag complètement : « C'est couché c'est couché ! » dit-il, « will you calm down ! ». Je me souviens subitement que la gaine de la corde est totalement défoncée, à environ cinq mètres de mon nœud. « -Je couperais la corde après » avais-je dis. -Quel blaireau ; arrête de crier. J'oublie la corde, je termine la longueur.

Retour sur la vire, comme une cage de granit doré. Thibault est tendu par l'enjeu mais plus déterminé que jamais. Lui aussi enchaîne et je le rejoins avec le sac. « -Yeah buddy ! -Whouhou ! » On jappe comme des chiots, on est potes, on est content. Je me téléporte vers le dernier relais en écoutant Paper planes de M.I.A. Thib' l'a mis en boucle sur son Iphone :

 

[choeurs] «  All I wanna do is [coups de feu] And a [chargeur enclenché, ka-ching]

And take your money ! » (x4).

 

Au sommet le vent nous félicite, puis se calme, nous laissant gentiment installer les rappels. Il nous reste un peu de temps avant la nuit mais on court presque dans cette raide descente que l'on connaît par cœur. A chaque étape on se check : « Yes bro !», « on est en bas ! », « on a trouvé la voiture ! », « il reste du riz ! »... -Je suis -vraiment- fatigué.

 

*Peau-de-la-Vieille-Hutte (Little Big Man, Arthur Penn 1970).

Inutile de vous raconter la suite : il fallut recommencer... Mais le trip fut encore long.

 

Suffisamment long pour aller se régaler de ce sublime sanglier aux châtaignes servit à la table de l'inévitable Auberge du Sanglier à Zonza, ou encore pour boire 15 hectolitres de Pietra... ou encore faire une énième partie de trou du cul... ou encore se faire réveiller méthodiquement par Robin (3ans ½!!) tous les matins dans un ordre bien définit... ou encore suffisament long pour que Thibault et Jeff enchaînent Delicatessen, tous les deux, la veille de remonter sur le bateau : « On l'a fait, DONE ! »... Ll'instant et l'émotion resteront probablement gravés un bon moment dans ma carte mémoire! Bravo les gars...vous m'avez bluffé! 

 

Merci les potes, Thibault, Jeff, Quentin et Amélie, Camille et Franck (mes colocs corses!), Robin, Yannick, Valérie, Arnaud, l'auberge du sanglier...

 

Définitivement, ce ne fut pas un trip comme les autres...

- RapH.

Jeff s'élance dans la seconde longueur, 7c+. Avec Thibault, nous sommes attentifs aux moindres de ses mouvements. La brume s'est levée. Par moment, je n'aperçois même plus Thibault pendu au relais, 20 mètres plus bas. On est perdu au beau milieu de nul part... Mais Jeff s'en tape, transcendé, il grimpe sans erreurs, fluide et efficace (il est comme ça le Jeff, sacré énergumène, capable de râler plusieurs semaines de suite, insatisfait par son escalade, et le voilà, 10 jours plus tard en train de produire une grimpe quasi... parfaite?).

 

Je pendouille au relais de la seconde longueur, j'ai cru comprendre qu'il y avait un mouvement sordide pour se rétablir au relais, je me tiens donc prêt à saisir l'instant... L'ambiance est mystique, mais les conditions de grimpe pourries !!! l'humidité est palpable.

Jeff est presque au relais, il arrive dans ce fameux dernier pas : il bastonne comme un sourd, glisse sur ce plat infâme et le ré-arque à nouveau, il se guronse, repart au combat...c'est trop con, il est le nez sous le relais. J'ai l'impression que l'action dure une éternité, je peux presque distinguer l'hologramme de Jesus (ce satané couillon nous suit décidément partout!) lui susurrant à l'oreille que l'effort est vain, il faudra recommencer...

Flashback...

 

Gorges du Verdon, Août 2013

 

Un soir, après quelques bières, Thibault me parle de Delicatessen : ils y pensent depuis quelques temps avec Jeff et me propose de me joindre à l'aventure.

La voie est trop difficile pour mon niveau actuel mais le lieu m'attire et le défi d'aller y faire des photos me plaît. Pour la première fois, j'envisage un trip uniquement sous l'aspect photographique; c'est décidé: Delicatessen sera mon premier trip axé sur la photo...

Cette voie nous fait rêver tous les trois, la grimpe y est réputée exigeante mais la configuration des difficultés rend l'enchaînement concevable, peut-être la meilleure porte pour entrer dans le monde des grandes voies extrêmes...

Tant pour les grimpeurs que pour le photographe, le pari est osé mais on s'en sent capable... Au mieux on torche, au pire on repère pour plus tard !

 

Livre1/Verset1: En l'avenir tu croiras! 

-Père Raphi-

Livre1/Verset2: A la musique tu t'abandonneras... 

-Père Jeff-

Delicatessen. Punta di Corbu, Abo+ 180m.

 

 

« Tels que nous sommes faits maintenant, nous sommes capables de supporter une certaine dose de déplaisir et notre estomac est habitué à ces nourritures indigestes. Peut-être que, sans elles, nous trouverions fade le repas de la vie : et sans la bonne volonté de souffrir nous serions forcés de laisser échapper beaucoup trop de joies. »

-Nietzsche (Aurore)

 

« When you're with yourself, wishing you could be someone else !

Can't you see like you saw anymore ? Can't you feel like you felt like before ?

Can't you face anything anymore ? When life's a waste, run away yeah ! »

-The Offspring (Ignition)

 

Cinquième jour dans la voiePremière longueur. Je zippe dans la trav'. Un larcène neurologique m'électrocute, et les Béruriers beuglent : «TORTURE MENTALE ! » Riff stridents, accords dissonants, une perle de sueur suinte de mon esprit qui suffoque de colère. Bon, bon ; allons.

Raph' pend dans le gaz comme un figatellu. On va au moins faire de belles photos. Et sur ces photos, j'aurais l'air tout content afin que les gens m'aiment et pensent : « il est toujours motivé, ça fait trop plaisir ! » Les dépressifs sont les premiers opprimés par la dictature du bonheur. « Tu Like ? Combien de like ? Ah ouais ! ». Détends-toi-détends-toi. «All I really need is somewhere to hide away, AWAY !» Offspring : mon péché mignon. L'énergie puérile de leur simple son s'infiltre directement dans mes fibres musculaires -Je veux bien continuer.

La deuxième longueur remonte d'improbables volumes oranges, jusqu'à une petite niche où se situe le relais. Camille est venue avec moi, elle découvre un peu inquiète l'ambiance incroyable qui règne dans cette face. Les volutes de brume me calment et m'encouragent, comme une intro de guitare électrique épurée, juste avant que la batterie et la basse ne viennent bastonner. Thibault et Franck sont au pied du mur. Ils font rouler d'énormes blocs en criant «-PURGE! ». Ça fait montagne, j'aime bien. Depuis la niche il faut léviter tendrement vers la gauche, sans se presser, dans une danse sensuelle en direction du dièdre lisse qui me regarde avec un petit air vicelard. « Kick him when he's down ! » respire... « Kick him when he's down ! » attends...  « Beat me all the way I'll take it all night, » j'y vais. «  Kick him when he's DOWN ! »

Quatrième longueur. Une fois franchi les tafones qui gardent l'entrée des enfers, une dalle -d'abord verticale puis franchement couchée- me fait de petits clins d'œils lubriques. Impossible. Impossible impossible IMPOSSIBLE ! Ça glisse trop je vais péter un câble. « Your life's a waste ! run away yeah ! run away yeah !  -Camille ! Tu peux me descendre... »

 

Quatrième partie (le silence).

« Nos pensées sont les ombres de nos sentiments, -toujours plus obscures, plus vides, plus simples que ceux-ci. » -Nietzsche (Le Gai Savoir).

 

Tu vois, j'ai parlé de moi comme si mon esprit méritait une visite. Je t'ai parlé du passé. Pourtant le passé n'a pas de substance, en parler ne change rien. -Pourquoi ? Tu te demandes le sens de mes phrases. Tu imagines peut-être que je suis fier de moi. Tu te demandes si je cherche à dire quelque chose, quelque chose de grave que je voudrais dire mais ne peux pas. -Tu te demande pourquoi je dis ça. Mais tu sais au fond, que les émotions s'accommodent mal de la précision. Elles ne s'épanouissent vraiment que dans la brume de ton imagination.

 

- JeFf

Livre1/Verset3: L'évangile de la fissure tu prêcheras. 

-Père Yannick-

Nirvana. Punta Lunarda; 200m ; EDinf ; TA.

 

J’aime bien grimper avec Jeff. D’abord parce que j’aime bien grimper et puis j’aime bien Jeff – sauf quand il est dépressif. Il est drôle. Et puis j’aime bien grimper avec Valérie. Elle est drôle aussi –d’ailleurs je grimpe souvent avec Valérie. Mais Jeff c’est pas pareil, il est vraiment drôle.

 

 

J’aime bien aussi les fissures. Tu perds pas de temps à chercher les prises dans une fissure – il n’y a pas de prises dans une fissure. Le lendemain tu es au courant que tu as grimpé une fissure la veille. Valérie je crois qu’elle n’aime pas les fissures.
Mais j’aime pas les spits dans les fissures. Enfin je dis que j’aime pas mais j’ai mis le pied dessus dans la première longueur. Et j’étais bien contentC’était pour ma survie.

C’est compliqué parce que j’aime pas les spits dans les fissures mais j’aime bien mettre les pieds dessus.

 

Si il n’y avait pas eu de spits dans la fissure , j’aurai pas eu tous ces problèmes.

 

Je crois que Jeff non plus il n’aime pas les spits dans les fissures. Enfin c’est ce qu’il a dit – mais il les as tous mousquetonnés quand même - et il était bien content . Quand je vous dis qu’il est drôle... D’ailleurs, il a grimpé une fissure mouillée.

C’était pas facile. Je crois qu’il n’a pas aimé mais c’était pour l’honneur. Quand je vous dis qu’il est vraiment drôle...

 

Aujourd’hui , j’ai mal partout. Putain de fissures...

 

-Yannick B. 

Livre1/Verset4: Les biscottos des pieds tu gonfleras...

-Père Quentin-

La température refuse de descendre. Fin octobre et on crève de chaud. Les amis de Montpellier nous ont rejoint -heureusement. On va à la plage pour chercher une nouvelle côte pour ce bon vieux Saub'. J'en profite pour butter des moustiques. A quatres pattes dans mon duvet (confort -10°C), la frontale allumée, j'attends patiemment qu'ils me rejoignent. A ce moment là, je déchaine la plus pure furie vengeresse, ne retenant pas mes mortels coups. Une fois dissipée la satisfaction primaire du noble prédateur -que, sans nul doute, je suis- je réitère sans pitié. Raph' et Thibault ont fait pareil de leur côté. Le matin, Thib' vante l'intuition géniale qui l'a conduit à enfourner sa tête dans son filet de duvet.

 

   Ça fait six semaines que je soulève de la fonte ( oui, oui, dans une vraie salle avec des miroirs et tout ...), trois fois par semaine, je complète le reste de la semaine avec de falaise et de la poutre.

 

Après la nuit de voyage, la journée de récupe du voyage, la journée de tourisme/balade/plage et la journée à concasser de la boule de granite histoire de tester mes nouveaux muscles pectoraux que tout le monde s'est empressé de reluquer.

 

C'est parti pour de la vrai escalade avec l'ami JeFf dans "Jeef". Un RéGAL !!!

Comme à l'accoutumée: ascension en style alpin. Ce qui signifie: pas de repos pour mes pauvres pieds qui finissent en fusion. Le granite est d'une adhérence hallucinante. Une habitude à pendre mais après, plus besoin de faire attention où on pose les pieds, ça tient dans tous les cas. Une micro pause sur la vire intermédiaire. Comme sur le Pony Express : ration d'avoine pour le JeFf et Prince choco pour bibi. Et c'est reparti : Tafoni, Tafoni, Dalle, Dalle, Tafoni, Dalle.

Un fort moment christique marquera la fin de cette escalade, avant de faire une course d'arrête pour rejoindre les autres affreux en train de monter le matos du photographe dans LE projet du séjour.

 

Fort moment?!? Peut-être pas aussi fort que dans "Le dos de l'éléphant" avec la dream team du BartAs , Thib et Raph.

Un "Pierre, feuille, siceau" et Raph s'élance dans les trois premières longueurs, fort de sa technique en dalle et pose de pied aléatoire. Il nous régalera de son élégance à onduler sur le granite.

A moi de faire quelques longueurs granitiques. La seule fois de toute ma vie de grimpeur où je n'ai pas besoin de regarder mes mains, je suis focalisé sur mes pieds et uniquement mes pieds. J'escalade en regardant vers le bas !!

Jusqu'ici tout va bien. Mais là!! Il y a eu un fort moment ChristicoBobiDalloGranitique pour l'ami SaubUsse : 49 minutes dans une longueur de 25 mètre de 6a dont bien 5 minutes à 2 mètres du relais et 40 minutes à 15 mètres. Il touche le relais : "Les gars on redescend !!"

La dalle ça lamine même les meilleurs. Ça c'était vraiment très très bon !!

 

Et là, pshiiiitttt !! Fin du trip escalade pour ma personne. Je peux vous dire que j'étais en manque d'effort tel un Gaetan RAYMOND qui aurait été obligé de rester le cul sur une chaise pendant 8 heures.

 

Du coup plage, balade, plage, balade, balade, plage, balade, plage et plage.

 

La Corse , oui c'est dément, c'est sur, mais il faut y aller pendant un cycle de fonte pour profiter de la plage et ainsi exposer ses gros muscles. Sinon je ne vois vraiment pas l'interet d'aller en Corse.

 

Je vous rassure depuis j'ai retrouvé mes miroirs ......

 

Et surtout, surtout, ne lachez rien !!!

- QuenTin.

 

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